Une communication efficace en matière d’éthique : adapter son message grâce au SPID
22 juin 2025
Par l’équipe du Programme anti-corruption et promotion de l’intégrité (A-CPI) de l’OMDDe nouvelles recherches menées sur les effets et l’efficacité du discours anti-corruption montrent qu’il est crucial pour les organisateurs de campagnes de promotion de l’éthique d’adapter leurs messages à leur public et de tenir préalablement compte des connaissances, des croyances et des dispositions des personnes visées. Ces mêmes travaux indiquent que le discours anti-corruption peut avoir un effet contraire s’il n’est pas adapté[1].
Concevoir une stratégie de communication qui incite effectivement les individus à faire un meilleur choix sur le plan comportemental, en fonction de ce que l’on sait de ce choix et de ce qui peut le motiver, est un exercice plus difficile qu’il n’y paraît, qui exige un certain degré de perspicacité.
Le sondage sur la perception de l’intégrité douanière (SPID), conçu au titre du Programme anti-corruption et promotion de l’intégrité (A-CPI) de l’OMD[2], fait partie des instruments qui peuvent aider les administrations des douanes à recueillir les informations nécessaires à cet effet. Composé de deux questionnaires (l’un à l’intention des douaniers et l’autre à l’adresse des acteurs du secteur privé), le SPID se fonde sur des indicateurs permettant de mesurer non seulement les perceptions mais aussi les comportements. Ces mesures du comportement reflètent soit la capacité autoévaluée d’une personne à agir avec intégrité, soit l’effet des comportements (non) intègres sur la performance des groupes cibles de répondants au sein des administrations douanières.
Les Membres ayant entrepris un SPID ont déjà utilisé les informations collectées pour améliorer leur communication. Dans l’édition du Magazine OMD Actualités de juin dernier, le Salvador et le Mozambique avaient partagé leur expérience du SPID, expliquant notamment qu’ils avaient articulé leur politique de communication autour des résultats du sondage pour renforcer le dialogue avec leurs principaux interlocuteurs en matière d’éthique[3].
L’analyse des résultats peut contribuer à dresser un tableau des problèmes à traiter pour garantir l’adhésion du public visé à une mesure de promotion de l’éthique. Par exemple, les résultats ont montré que la « perception de la protection de la dénonciation » est influencée par plusieurs autres indicateurs du sondage, notamment la participation de l’administration aux programmes de modernisation (corrélation entre l’indicateur 6a du SPID et les indicateurs 5a et 5b). Dans ce cas, toute communication visant à promouvoir la dénonciation de cas de corruption devrait mettre en avant les efforts de modernisation d’une administration.

L’analyse des résultats du SPID révèle que les douaniers qui sont susceptibles de « ne rien faire » s’ils soupçonnent un collègue de prendre de l’argent de la part d’une entreprise afin de contourner les procédures douanières ont aussi moins confiance dans la capacité de leur administration à accepter le retour de ses employés concernant l’efficacité de la réglementation douanière et les améliorations à y apporter (corrélation entre l’indicateur SPID 6d1 et les indicateurs 2d et 2e). Ce constat laisse supposer qu’une communication améliorée entre ceux qui définissent les politiques réglementaires et ceux qui les appliquent pourrait inciter les agents à agir s’ils ont des soupçons par rapport à leurs collègues.

L’analyse montre que, lorsqu’un client offre de l’argent ou un cadeau pour accélérer le processus de dédouanement, les douaniers qui ont choisi de « refuse(r) et de signale(r) l’incident » sont davantage convaincus que l’intégrité est une priorité pour leur administration, que leurs superviseurs donnent un exemple positif de comportement éthique et que leurs responsabilités attendues sont claires (corrélation entre l’indicateur 6d1 du SPID et les indicateurs 1a, 1b et 1d). Ce constat laisse supposer que les messages qui donnent un sentiment de leadership et d’engagement de la part de l’administration, ainsi que de clarté sur les responsabilités, pourraient influencer la décision des fonctionnaires de refuser les pots-de-vin qui leur sont proposés et de les dénoncer.

Certains résultats du SPID varient grandement entre les régions, ce qui témoigne du besoin pour certaines régions de mieux communiquer sur des questions spécifiques. Par exemple, lorsqu’ils soupçonnent un collègue d’accepter de l’argent (indicateur SPID 6d), les fonctionnaires des douanes de la région d’Afrique occidentale et centrale (AOC) de l’OMD sont beaucoup plus susceptibles de choisir de « parle(r) à un collègue de son comportement » (69 %) que les répondants de la région des Amériques et des Caraïbes (24 %), qui sont beaucoup plus susceptibles de le « signale(r) au superviseur direct ». Ces constatations ont été examinées avec 15 administrations des douanes de la région AOC qui ont également discuté de la possibilité de promouvoir les discussions entre employés encourageant les comportements intègres, parallèlement à d’autres mécanismes plus formels.
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Secrétariat de l’OMD
Directives méthodologiques sur le SPID
[1] Comme souligné par Caryn Peiffer, professeure associée en politique publique internationale et gouvernance à l’université de Bristol, durant le Forum international de l’OCDE sur l’anticorruption et l’intégrité 2025 et par le Guide pratique du CIPE How-to Guide to Anti-Corruption Messaging disponible en anglais uniquement.
[2]https://www.wcoomd.org/-/media/wco/public/fr/pdf/topics/capacity-building/activities-and-programmes/cooperation-programmes/acip/cips_fr.pdf?la=fr
[3] Comment le « sondage sur la perception de l’intégrité douanière » a contribué à renforcer l’éthique au Salvador et au Mozambique