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Exploitation de la technologie : leçons tirées d’une nouvelle enquête de l’OMD

29 octobre 2024
Par le Secrétariat de l'OMD

L’OMD a mené une enquête entre avril et juin 2024 afin d’identifier les tendances en matière d’adoption des technologies au sein des administrations douanières, d’évaluer le degré de mise en œuvre des innovations et, enfin, d’identifier les lacunes et les besoins en termes d’assistance et d’orientation.

Ce n’est pas la première fois que l’OMD consulte ses membres sur l’utilisation des technologies. En 2021, elle avait mené une première enquête et présenté ses résultats dans un document élaboré conjointement avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et intitulé Le rôle des technologies avancées dans le commerce transfrontières : point de vue des douanes . Sur la base de cette enquête, ainsi que des informations recueillies au cours des événements de l’OMD consacrés à la technologie et des réunions de divers organes de travail, l’OMD et l’OMC avaient à nouveau collaboré en 2022 et avaient publié le Rapport d’étude OMD/OMC sur les technologies de rupture dans le but de mieux faire connaître ces technologies et leur potentiel en démystifiant chacune d’entre elles individuellement.

La deuxième enquête a été menée par l’équipe de l’OMD chargée du Projet sur les douanes intelligentes qui est financé par la Douane chinoise. Ce projet vise à approfondir l’application pratique et l’adoption de technologies dite de perfectionnement et de technologies dite de rupture par la douane[1], ainsi que l’application innovante de technologies traditionnelles.

Résultats

L’enquête menée par le Projet sur les douanes intelligentes a suscité une forte participation, 116 administrations douanières ayant envoyé leurs réponses, soit 62 % des membres de l’OMD. Les résultats ont été classés en six catégories principales et sont présentés ci-dessous.

Stratégie et maturité informatiques

L’une des conclusions notables de l’enquête est l’existence généralisée de stratégies d’adoption des outils informatiques parmi les répondants, ce qui témoigne d’un engagement fondamental en faveur de l’intégration de la technologie dans les opérations douanières.

Pour rendre compte des niveaux de maturité, les administrations ont été invitées à choisir entre cinq options :

  • initial (les administrations sont conscientes de l’importance de l’innovation mais ne disposent pas de capacité d’innovation structurée) ;
  • expérimental (des projets ad hoc fonctionnent bénéficiant d’une coordination minimale) ;
  • opérationnel (des équipes sont constituées, la politique est formalisée et une feuille de route est en place pour le déploiement de technologies de rupture) ;
  • avancé (une architecture de données et une gouvernance informatique claires sont en place, des solutions multiples sont déployées, un environnement collaboratif et des partenariats stratégiques sont établis) ;
  • transformationnel (les technologies sont entièrement intégrées dans les processus opérationnels, il existe une forte capacité interne pour gérer, maintenir et développer les outils, une culture de l’innovation existe).

L’enquête a révélé que 30 % des répondants se situent au niveau opérationnel, 27 % au niveau avancé, 23 % au niveau expérimental, 13 % au niveau initial et 7 % au niveau transformationnel.

Situation de l’adoption des différentes technologies

Les technologies se rapportant aux mégadonnées et à l’analyse des données (AD) sont celles les plus couramment déployées par les répondants. Elles sont suivies par l’informatique en nuage, la biométrie, l’intelligence artificielle (IA)/l’apprentissage automatique (AA), les drones, les robots, la chaîne de blocs, l’internet des objets, la cartographie géospatiale et la réalité virtuelle, augmentée et mixte.

Impact escompté et difficulté d’adoption

Les répondants ont été invités à évaluer l’impact attendu de diverses technologies par rapport à leur difficulté d’adoption. Le recours à l’intelligence artificielle/l’apprentissage automatique et le recours aux mégadonnées/analyse des données ont été signalé comme ayant l’impact attendu le plus élevé et des scores de difficulté relativement modérés. La chaîne de blocs et l’informatique en nuage ont été signalées comme ayant un niveau plus élevé de difficulté d’adoption, tout en ayant un impact attendu substantiel.

Adoption de la technologie au service de l’amélioration des performances douanières

Les membres interrogés ont également été invités à dresser la liste des domaines dans lesquels l’adoption de la technologie contribue ou devrait contribuer à faire progresser les performances des douanes.

Les cinq domaines les plus importants sont les suivants

  • la circulation facilitée des marchandises
  • la qualité des services
  • le recours aux techniques de ciblage et de détection
  • la lutte contre le commerce illicite des produits soumis à accises
  • le commerce sans papier

Renforcement des capacités

Les membres ont signalé la nécessité de développer leurs capacités dans de nombreux domaines, notamment pour:

  • mettre en œuvre et maintenir et optimiser efficacement les nouvelles solutions technologiques ;
  • comprendre et atténuer les menaces et les vulnérabilités associées aux nouvelles technologies afin de protéger les données et les systèmes contre les cyber-attaques ;
  • créer et appliquer des politiques et des cadres pour régir l’utilisation des technologies ;
  • faire correspondre l’adoption des technologies avec les objectifs de l’organisation et gérer le processus de transition afin de garantir l’engagement des parties prenantes et leur soutien ;
  • concevoir et gérer des bases de données afin d’optimiser le stockage, la récupération et la gestion des données pour les nouvelles solutions technologiques ;
  • établir des procédures et des politiques visant la gestion systématique et transparente de la prise de décision relative à l’adoption de technologies, au suivi des performances et à la conformité ;
  • planifier, exécuter et superviser les projets technologiques pour garantir leur réalisation dans les délais, dans le respect de leur champ d’application et des budgets ;
  • comprendre les implications morales et les répercussions sociétales de l’adoption de nouvelles technologies et y répondre.

Sélection des technologies-phares

Les membres étaient invités à identifier les trois principales technologies susceptibles d’être adoptées par leur administration dans un avenir proche, et celles sur lesquelles elles souhaiteraient que le Projet sur les douanes intelligentes se concentre. Comme on pouvait s’y attendre au vu des résultats de l’enquête, l’intelligence artificielle/l’apprentissage automatique, la chaîne de blocs et l’informatique en nuage[2] ont été choisis comme technologies à privilégier.

Des rapports détaillés sur les technologies identifiées doivent être élaborés, recueillant des cas d’utilisation et abordant des questions telles que les spécifications techniques minimales pour la mise en œuvre/l’intégration, les coûts et les tendances, les processus opérationnels, les  mécanismes politiques et les exigences légales.

L’utilisation d’autres technologies continuera d’être examinée dans le cadre du projet, notamment via le portail communautaire sur les douanes intelligentes qui devrait être lancé en décembre et qui permettra l’échange de bonnes pratiques et d’expériences sur l’adoption et la mise en œuvre des technologies entre experts des administrations douanières.

More information
Résultats de l’enquête de l’OMD sur les douanes intelligentes
Projet sur les douanes intelligentes de l’OMD
smartcustoms@wcoomd.org

[1]Une technologie de perfectionnement améliore les performances d’un produit existant et maintient l’utilité d’une technologie déjà établie. Une technologie de rupture est définie comme une technologie qui remplace une technologie établie et secoue l’industrie, ou un produit révolutionnaire qui crée une industrie complètement nouvelle.

[2] Le cloud computing « n’est pas une technologie de rupture en soi, mais un modèle de livraison informatique disruptif qui exploite des idées technologiques clés (comme le grid computing, l’informatique utilitaire et le logiciel en tant que service) pour fournir des technologies de l’information dans un modèle beaucoup plus efficace ». Voir https://www.zdnet.com/article/the-disruptive-nature-of-cloud-computing, consulté le 2 septembre 2024.