Le Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme (UNOCT) a lancé le Programme Fusion Cells ou « cellules de fusion » en janvier 2020 en vue d’aider les États membres des Nations Unies à mettre au point des mécanismes nationaux pour l’échange et l’analyse d’informations en lien avec la lutte antiterroriste, et à élaborer des outils de renseignement stratégiques et opérationnels, comme des évaluations de la menace. Le déploiement du Programme suit un modèle d’exécution construit sur la base de pratiques et procédures qui se sont avérées probantes pour améliorer la coordination interservices au niveau national.
Du besoin d’assurer une coordination entre services pour lutter contre le terrorisme
La nature évolutive du terrorisme et de la criminalité organisée rend nécessaire le recueil d’informations, leur analyse et leur transformation en renseignements. Si nous vivons aujourd’hui dans un monde riche en informations, les États n’ont pas encore mis en place un système effectif qui leur permette de traiter et d’utiliser les énormes volumes d’informations à leur disposition, ce qui peut parfois faire obstacle à une prise de décisions stratégique.
Il ne fait aucun doute que les gouvernements ont réussi à déjouer des attaques terroristes et ont énormément amélioré leurs capacités en matière de sécurités aérienne, terrestre, maritime et frontalière. Ils ne sont pas pour autant à l’abri des attaques.
Après un attentat terroriste, les analystes constatent couramment que le partage en temps opportun d’éléments d’informations émanant de différentes parties au sein du gouvernement aurait permis de l’empêcher ou de le déjouer. Pour vaincre le terrorisme et le crime organisé, il faut donc disposer d’un mécanisme de coordination interservices qui soit souple et qui permette à tous les États d’exploiter les informations et les données générées au quotidien, dont celles collectées par les administrations des douanes qui sont l’une des plus grandes sources de données utiles à la sécurité nationale.
Le Programme Fusion Cells
En janvier 2020, avec l’appui du Fonds d’affectation spéciale de l’ONU pour la paix et le développement et du Cabinet du Secrétaire général, l’UNOCT a créé le Programme Fusion Cells ou « cellules de fusion » afin de renforcer les mécanismes nationaux de coordination inter-organisations.
Le Programme promeut l’établissement au niveau national d’un centre de « fusionnement » rassemblant des partenaires qui y partagent ressources, expertises et informations dans le but de maximiser leurs capacités de détection, de prévention et de réponse face aux activités terroristes et criminelles. Le programme met en lumière et encourage le rôle des analystes qui sont le maillon fort de ce type de mécanismes.
Le Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme collabore avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité des Nations Unies (DECT) qui joue un rôle primordial dans la planification et l’évolution du Programme Fusion Cells. Les évaluations qu’elle conduit et recommandations qu’elle émet guident le travail de ceux qui conçoivent les initiatives d’assistance technique et de renforcement des capacités du Programme.
Le Programme répond notamment au pilier II (Mesures visant à prévenir et combattre le terrorisme) de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’Organisation des Nations Unies et aide les États membres à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité n° 1373, 2178, 2322, 2341, 2395, 2396, 2462 et 2482. Il s’inscrit aussi dans le cadre de la mise en œuvre des Principes directeurs de Madrid et de son addendum de 2018 pour endiguer le flot de combattants terroristes étrangers.
Le Programme encourage la protection des droits humains et garantit le respect de la politique onusienne de diligence voulue en matière de droits humains en mobilisant toutes les entités concernées (c’est-à-dire le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, les Bureaux des Coordonnateurs résidents des Nations Unies et les organisations nationales de défense des droits humains) avant de mener des recherches documentaires et de collecter et d’analyser les données disponibles pour élaborer une « Évaluation des risques et d’impact » pour chaque État bénéficiaire.
Mettre le modèle Fusion Cells au service des administrations des douanes et de la gestion des frontières
Les États ayant des besoins, des capacités et des contraintes spécifiques, le modèle de centre de fusionnement peut être adapté tout en se fondant sur les bonnes pratiques de création et de fonctionnement d’une telle infrastructure. Le Programme se centre sur le partage d’expériences, de procédures et de formations qui peuvent être appliquées partout où il est nécessaire de déployer un mécanisme interservices pour coordonner les actions, analyser les données ou prendre des décisions. L’approche peut s’appliquer à divers contextes sécuritaires : crise ou situation d’urgence, catastrophe naturelle ou présence du crime organisé, par exemple. Étant donné que les administrations douanières produisent de vastes quantités de données, elles sont susceptibles de tirer pleinement parti de cette démarche au niveau local, régional ou national.
Le Programme vise à appuyer les États membres qui ont le plus besoin d’avoir accès aux bonnes pratiques et à une formation. Les bénéficiaires sont encouragés à se familiariser avec le Recueil des bonnes pratiques et lignes directrices connexes sur l’établissement et le fonctionnement d’un centre national de fusionnement qui a été développé par l’équipe du Programme et des experts de plusieurs centres de fusionnement. Rassemblant les contributions de plus de 20 pays, il offre des orientations au niveau de la législation, du mandat, des parties en présence, de leurs rôles et responsabilités, et de la communication.
Le processus de déploiement du Programme commence par des consultations ou par une visite exploratoire afin de déterminer les besoins de renforcement des capacités. Elles sont menées en collaboration avec les partenaires impliqués dans son exécution, la Division de la police de l’ONU (UNPOL) et la DECT. Les experts du Programme rencontrent les organes nationaux chargés de la sécurité, notamment la douane, pour mieux comprendre les défis auxquels ils sont confrontés à l’échelle nationale en matière de coopération et de coordination interservices, d’analyse du renseignement et de partage des informations.
Suivant ces consultations, l’équipe responsable du Programme élabore un plan d’action fondé sur les éléments recueillis, soit une sorte de feuille de route, pour garantir que l’appui apporté réponde bien aux besoins du pays ou des organismes concernés.
Des visites d’études sont également organisées sous la direction d’experts qui dirigent eux-mêmes des centres de fusionnement ou de lutte antiterroriste. Les experts partagent avec les bénéficiaires du Programme leurs expériences pour la mise sur pied et le bon fonctionnement d’un centre, notamment les défis qu’ils ont rencontrés et comment ils ont réussi à les relever. En 2021, l’équipe du Programme a sollicité les orientations et l’expertise de certains des meilleurs centres de fusionnement ou de lutte antiterroriste nationaux au monde, notamment du CITCO (Espagne), de l’OCAM (Belgique), du NCTC (Norvège), du C13T (Colombie), du NAC (Fédération de Russie) et du pôle régional du renseignement d’Europol.
Le Programme propose également une formation de 13 semaines, comprenant 12 cours et un guide d’étude. La formation se centre sur le rôle des analystes et suit une approche modulaire, chaque élément visant à doter les apprenants de compétences dans un domaine de travail clé et d’un socle solide sur lequel développer leurs aptitudes d’analystes.
The Programme delivers the following training courses:
- An Introduction to Fusion Cells course that raises awareness of the Compendium of Good Practices and Related Guidelines on establishing and operating a national Fusion Centre and starts the process of operationalization.
- An Ethical Decision-Making course dedicated to problem-solving skills and critical and creative thinking, bias and relevant decision models.
- An Effective Intelligence Writing course to create clear, concise and accurate reports and recommendations.
- A Briefing and Debriefing course presenting briefing models applicable to specific scenarios.
- An Analyst course on turning information into intelligence (products), which includes the intelligence cycle, the use of analysis tools, collection disciplines, and dissemination skills. The course also covers advanced concepts such as predictive analysis, targeting and threat intelligence.
- A Managers course, to develop the skills, abilities and personal characteristics required to be a good manager.
- A threat assessment course that looks at all aspects of threat assessment creation, collection plans, information analysis, environmental scanning and SWOT analysis, as well as structuring, writing and dissemination processes.
- An ethical questioning and elicitation techniques course that focuses on information gathering, fact-finding and promoting international good practice on free recall and conversation management models.
- An open-source investigations course that trains analysts in using publicly available information such as social media, internet sites, websites, forums, public records, and reports, amongst others, to conduct intelligence-led counter-terrorism investigations.
- A (beginner to intermediate level) Microsoft Excel course that provides trainees with the required skills to utilize Microsoft’s analytical features.
- An i2 Analyst’s Notebook course to ensure trainees can operate and benefit from IBM’s i2 Analyst’s Notebook software.
- A three-week train-the-trainers course for trainees to acquire UNPOL training accreditation.
In 2022, the Programme delivered thirty-four training events to 1,100 participants. Participant feedback collected following each course revealed that the training had a positive impact on their knowledge and skillset in the course subject area. This feedback will contribute to improving future training to be delivered in 2023.
Lastly, the Programme provides Member States’ national Fusion Centres with up to three months of expert mentoring to support the centre in implementing standard operating procedures. The mentoring aims to support staff in applying the skills that they acquired from training.
With the increase in terrorist activity in the Sahel region, there is an urgent need to strengthen the often weak inter-agency coordination in Africa. According to the 2023 Global Terrorism Index: « The Sahel region in sub-Saharan Africa is now the epicentre of terrorism, with the Sahel accounting for more terrorism deaths in 2022 than both South Asia and the Middle East and North Africa (MENA) combined. Deaths in the Sahel constituted 43 percent of the global total in 2022, compared to just one percent in 2007. » In light of this, United Nations Secretary-General António Guterres voiced particular concern over the situation in Africa and called upon UNOCT to prioritize Africa in its capacity-building efforts.
In addition, a growing number of African countries have or are considering establishing national counter-terrorism or Fusion Centres to prevent and counter terrorism, making Africa a priority region for the Programme in 2023.
There are currently two established regional Fusion Centres in Africa, namely: L’Unité de Liaison de Fusion (UFL) – Sahel, which is based in Algiers, Algeria, and the East Africa Fusion and Liaison Unit (EA-FLU), which is based in Kampala, Uganda. Additionally, the Southern African Development Community (SADC) established the first African Regional Counter-Terrorism Centre in 2023, located in Dar Es Salaam, Tanzania.
Since its launch in 2020, the Global Fusion Cells Programme has supported Botswana, the Democratic Republic of the Congo, Ghana, Mozambique, Togo, Uganda, and the Southern African Development Community (SADC).
In 2023, the Programme will partner with Morocco, Brazil, and the State of Qatar and collaborate with UNOCT’s Programme and Training Office in Rabat, Morocco, to support twenty-three new beneficiaries from across Africa. Globally, the Programme has also received requests for support from countries elsewhere, in the Balkans and South America.
Insights gained in establishing Fusion Centres
International good practice reveals that, for such inter-agency mechanisms to succeed, countries need to ensure a high level of commitment and to have a long-term funding strategy in place. Some of the key findings and lessons learned are:
- A clear mandate, mission statement, and goals are essential to a Fusion Centre’s long-term success.
- All levels of government, law enforcement and other public safety agencies, including Customs and border management agencies, must communicate and collaborate to maximize the collecting, developing, and disseminating of information and intelligence.
- Data management is vital to maintain relevant records, and information should be stored in secure information systems.
- As a result of data being shared and communicated, it is important to examine all aspects of interoperability, leverage databases, and address issues of information security.
- Human resources and staffing should be thoroughly considered and, although it is dependent on the individual need, staff must be able to perform analytical functions and provide strategic and tactical assistance. Hence, it is important to ensure staff receive the appropriate training for their roles.
- Human rights-compliant and privacy-protected policies should be developed for personally identifiable information and data.
The UNOCT Global Fusion Cells Programme looks forward to sharing its knowledge and training with more beneficiaries in 2023.
More information
OCT-fusion-centres@un.org