Panorama

Égalité de genre et diversité : aperçu des évaluations menées avec le Ghana, le Togo et la Côte d’Ivoire

15 juin 2023
Par le Secrétariat de l'OMD

Lancé en 2013, l’Outil d’évaluation de l’égalité de genre dans les organisations (GEOAT) permet aux administrations douanières d’autoévaluer leurs politiques et procédures existantes en matière d’égalité des sexes afin de déterminer quels sont les domaines où des améliorations s’avèrent nécessaires. Si elles peuvent mener l’évaluation par elles-mêmes, les administrations des douanes peuvent également bénéficier du soutien du Secrétariat de l’OMD pour un examen plus complet de leur situation. Ainsi, d’ici juin 2023, le Secrétariat aura travaillé avec les administrations douanières du Brésil, de l’Inde, de l’Afrique du Sud, des Philippines, du Liberia, de la Zambie, du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Togo dans le cadre de différents programmes de renforcement des capacités. Durant la pandémie de COVID-19, certaines évaluations ont été effectuées à distance. Elles ont toutes abouti à des rapports détaillés, incluant des recommandations adaptées au contexte spécifique de chaque pays.

Les évaluations les plus récentes, qui ont été effectuées avec le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Togo, s’inscrivent dans le cadre du Projet sur la sécurité en Afrique occidentale (PS-AO), mené par le Secrétariat de l’OMD avec le soutien financier du ministère fédéral des affaires étrangères allemand. En incluant un composant sur l’égalité de genre et la diversité dans leur projet, les deux partenaires reconnaissent que ces dimensions sont importantes et constituent des conditions sine qua non pour arriver à un développement durable et garantir la paix et la sécurité.

L’OMD recommande d’appliquer les principes de l’égalité et de la diversité (EGD) à un niveau transversal, dans les politiques internes (gestion des ressources humaines), les politiques extérieures (activités aux frontières et coopération avec les parties prenantes) et les mécanismes généraux de coordination, de suivi et d’évaluation. Dans le cadre du PS-AO, un expert du Secrétariat de l’OMD a d’abord analysé chacun de ces domaines en appliquant le GEOAT et ses indicateurs.

 

Dans les prochains mois, il s’agira de :

  • conduire une formation sur l’application des principes de l’égalité hommes-femmes et de la diversité en douane.
  • soutenir l’élaboration par les trois administrations évaluées de plans d’action pour l’égalité hommes-femmes.
  • mettre à jour le GEOAT en y ajoutant de nouveaux chapitres et indicateurs (la mise à jour a fait l’objet d’échanges de vues au sein du Groupe de travail virtuel en mai 2023).
  • organiser un atelier où les trois administrations évaluées présenteront les constatations faites et les conclusions tirées.

Assistance technique

L’évaluation est normalement menée en cinq jours. Avec l’accord et le soutien de l’administration partenaire, l’expert(e) de l’OMD rencontre les différents département et unités, tant au siège central qu’aux points d’entrée, ainsi que les diverses parties prenantes des secteurs public et privé[1]. Ces dernières incluent habituellement les ministères responsables des questions relatives au genre, les associations de femmes douanières, les associations de femmes commerçantes, les organisations internationales et les agences de développement. L’élaboration de recommandations se fait à un stade ultérieur et peut exiger des contacts ultérieurs avec l’administration afin d’obtenir des informations complémentaires ou encore des éclaircissements concernant certains aspects. Le rapport final est ensuite envoyé à l’équipe de la haute direction de l’administration qui est invitée à informer le Secrétariat des recommandations qu’elle entend avaliser.

Le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Togo n’avaient participé à aucune des activités menées sous les auspices de l’OMD pour approfondir la thématique de l’EGD et pour partager les connaissances à ce sujet. Les évaluations ont donc été une excellente occasion pour le Secrétariat d’en apprendre davantage sur leurs pratiques et de les faire participer aux travaux effectués dans ce domaine.

Ghana

Au Ghana, l’experte de l’OMD a rencontré plusieurs départements, notamment celui des ressources humaines et de la formation, de la communication et des affaires publiques, de l’éthique et de la bonne gouvernance, des stratégies et de la recherche, et des politiques et programmes. Elle s’est aussi entretenue avec les représentantes du Customs Ladies Club et avec des douaniers dans différents bureaux. Des entretiens ont aussi été organisés avec les interlocuteurs du secteur privé, les représentants du ministère de l’égalité et d’autres services présents aux frontières, ce qui a permis d’avoir une vision plus large de la situation en matière d’égalité hommes-femmes au Ghana. Une visite a par ailleurs été organisée au port de Tema pour y observer les activités de terrain.

Au Ghana avec des membres du Ladies Club de la Douane

Togo

Au Togo, l’experte de l’OMD a rencontré plusieurs départements des douanes, notamment ceux en charge respectivement des ressources humaines, de la formation, de la communication, de la prévention et de la lutte contre la corruption, des études et de la planification stratégique. Elle a aussi parlé avec les représentantes de l’Association des femmes de l’Office Togolais des Recettes (OTR). Une visite a été organisée au port de Lomé et au poste de contrôle juxtaposé de Sanvee-Condji, situé à la frontière entre le Togo et le Bénin, ce qui a permis d’ouvrir des discussions approfondies sur les travaux de ces stations et les procédures en place. Une réunion a été organisée avec l’Établissement Public Autonome pour l’Exploitation des Marchés de Lomé (EPAM) et avec un groupe de femmes commerçantes dans le but de mieux comprendre leur situation et les défis uniques auxquels elles sont confrontées. Enfin, des discussions se sont tenues avec des représentants du ministère de l’action sociale, de la promotion de la femme et de l’alphabétisation du Togo en vue de tenir compte, dans les constatations de l’évaluation, des politiques nationales de promotion de l’égalité hommes-femmes au Togo et de déterminer les possibles modalités d’une collaboration future avec la Douane.

Au Togo, avec l’équipe du poste de contrôle juxtaposé de Sanvee-Condji, situé à la frontière entre le Togo et le Bénin

Côte d’Ivoire

En Côte d’Ivoire, l’experte de l’OMD a rencontré les douaniers de plusieurs unités, dont ceux de la cellule sectorielle genre et des divisions des ressources humaines, de la communication, de l’éthique, et de l’école des douanes. Elle a aussi discuté avec la Présidente de l’Amicale des Femmes Douaniers de Côte d’Ivoire (AFED-CI) et a visité le port et l’aéroport d’Abidjan ainsi que le poste frontalier d’Aboisso-Noé, le long de la frontière terrestre avec le Ghana, pour une analyse plus approfondie du travail à ces postes-frontières et des procédures mises en place. Des entretiens ont par ailleurs été organisés avec les interlocuteurs du secteur privé, notamment avec les femmes commerçantes. En outre, une réunion s’est tenue dans les locaux d’ONU Femmes à Abidjan avec les représentantes des femmes commerçantes pour identifier des synergies et déterminer les modalités d’une collaboration future.

En Côte d’Ivoire avec douaniers et femmes commerçantes

Les défis communs

Le Secrétariat a relevé plusieurs défis auxquels les trois administrations sont confrontées.

Un manque de connaissances concernant l’importance des valeurs d’EGD et leur lien avec le travail des douanes

Assurer l’égalité de genre et la diversité (EGD) au sein de la Douane n’est pas seulement une question de droits fondamentaux. Toute administration qui se veut efficace et capable de s’adapter aux changements rapides imposés par la mondialisation et la société moderne doit s’y efforcer. Pour faciliter un changement de mentalités parmi les effectifs, il est essentiel de renforcer les connaissances du personnel en matière d’EGD. Les administrations devraient mener des formations spécifiques sur les thématiques de l’EGD et inclure les modules de formation de l’OMD dans la formation donnée aux douaniers.

Un manque de continuité dans les initiatives entreprises

La promotion de l’égalité entre hommes et femmes va au-delà de l’égalité de représentation. Il est tout aussi important, en effet, de reconnaître que les membres du personnel issus de milieux et de sexes différents ont souvent des exigences, des contraintes et des préférences différentes et, donc, que les politiques, les règlementations et les arrangements de travail peuvent avoir une incidence différente sur eux. Les administrations doivent en tenir compte et s’assurer que l’égalité de genre et la diversité soient incorporées dans les politiques de tous les jours, que ce soit en matière de communication ou de ressources humaines et dans les relations avec les interlocuteurs externes.

L’absence d’une approche transversale

Le « mainstreaming » ou intégration transversale de la question de l’égalité de genre consiste à incorporer les préoccupations et les expériences tant des femmes que des hommes dans la planification, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques et des activités d’une organisation. Si les trois administrations étudiées peuvent se targuer d’une prise de conscience de ces questions et ont lancé quelques initiatives en ce sens, comme la création d’associations de femmes en douane, il reste nécessaire de mieux faire comprendre comment appliquer l’égalité de genre et l’inclusion de manière transversale, par exemple, à travers la mise au point d’un plan d’action avec des objectifs clairs, pouvant faire l’objet d’un suivi dans le temps.

L’absence de politiques et de documents écrits

Bien que des pratiques soient parfois en place, elles ne sont pas nécessairement formalisées ou documentées, ce qui entrave leur cohérence et leur durabilité. Les administrations devraient se doter d’une politique ou d’un plan d’action faisant la promotion de l’EGD et mettre sur pied une unité spéciale ou un organe de travail qui se chargerait de veiller à l’application transversale de ladite politique au sein de l’organisation. Les associations de femmes douanières ont adopté chacune un plan de travail mais la participation à ces associations reste une activité extra-professionnelle, en dehors des fonctions habituelles.

Un manque de données et l’absence d’un cadre de suivi

L’absence d’évaluations des besoins et de données différenciées empêche les administrations de détecter les tendances et les lacunes spécifiquement liées au genre, et de mesurer les avancées. Il conviendrait donc de recueillir des données relatives à la formation et au développement de carrière, en utilisant notamment aussi les enquêtes de satisfaction menées auprès des employés et des parties prenantes, pour ensuite les ventiler en fonction du genre.

Plus de financement pour répondre aux demandes de soutien

Plusieurs administrations des douanes ont déjà indiqué qu’elles souhaiteraient travailler avec le Secrétariat sur les questions d’EGD et recevoir un soutien supplémentaire sur la façon d’utiliser le GEOAT. Afin de donner suite à ces demandes, l’OMD est en train de créer un vivier d’experts sur l’EGD.

Dans un premier temps, un atelier de formation des formateurs a été organisé au siège de l’OMD à Bruxelles en mars 2023. Financé par l’Agence suédoise de coopération internationale au développement et par le Service des recettes et des douanes de Sa Majesté (HMRC) du Royaume-Uni, l’événement a permis de former 20 douaniers anglophones préalablement sélectionnés. Dans un deuxième temps, ces experts seront invités à apporter leur concours à des activités de renforcement des capacités et à passer une évaluation finale.

Une fois qu’un financement aura été obtenu, l’OMD pourra alors continuer à soutenir les douanes dans leurs efforts d’application de la politique de promotion de la dimension du genre, en vue de s’assurer qu’elles soient aussi inclusives et participatives que possible. Les donateurs souhaitant apporter leur soutien financier aux activités liées à l’EGD sont instamment invités à contacter la Direction du renforcement des capacités.

En savoir +
capacity.building@wcoomd.org

[1] Les réunions avec les parties prenantes n’ont pas été possibles durant la pandémie de COVID-19 et n’ont donc pas pu être organisées dans tous les pays.