Accompagner la nouvelle génération : promouvoir le partage des connaissances et renforcer la fierté de la profession douanière
2 mars 2023
Par Kunio Mikuriya, Secrétaire général de l’OMDChaque année, le Secrétariat de l’OMD propose aux Membres de l’organisation de travailler sur un thème qu’il estime pertinent pour la communauté douanière et ses partenaires. En 2023, sous le slogan « Accompagner la nouvelle génération : promouvoir le partage des connaissances et renforcer la fierté de la profession douanière », il les invite à se pencher sur la manière dont ils accompagnent les fonctionnaires qui entrent en fonction, facilitent le partage des connaissances et renforcent le sentiment de fierté d’appartenir à l’institution et à la communauté douanière mondiale.
Il s’agit de placer le capital humain, et en particulier la nouvelle génération, au cœur de la transformation de la douane, démarche prônée par l’OMD depuis plusieurs années. Les jeunes fonctionnaires de la douane ont souvent des qualités propres, mais ils doivent acquérir des connaissances et un savoir-faire spécifique et souvent tacite. Cette démarche d’apprentissage doit être ancrée dans la culture de l’administration et reste valable tout au long d’une carrière. Elle implique non seulement des relations intergénérationnelles dynamiques, mais aussi une ouverture vers l’extérieur, un échange avec les acteurs impliqués dans le mouvement des marchandises et des passagers, avec les fournisseurs de services et avec le monde universitaire. Il s’agit pour une organisation de supporter la création des connaissances par les individus en leur offrant la possibilité d’apprendre, de partager et de créer.
Force est pourtant de constater que certaines organisations douanières ne disposent pas de processus et de méthodologies pour gérer les connaissances et assurer leur transmission. En 2023, les administrations des douanes sont donc invitées à se pencher sur cette question et à développer un système de gestion des connaissances qui favorise l’identification et la mise à disposition des savoirs sous toutes leurs formes : rapports et autres documentations, cours en ligne ou en présentiel, forums, programmes de mentorat, stages d’immersion, échanges entre services, magazines et bulletins d’informations, entre autres.
En créant un environnement de travail stimulant et en proposant aux agents des opportunités d’apprentissage, les administrations des douanes pourront non seulement attirer et retenir les talents, mais renforceront également le sentiment de fierté de leur personnel. On dit souvent que la nouvelle génération est en quête de sens. Or les métiers qu’offre la douane servent une mission noble et essentielle au bien-être des nations.
Quelques réflexions sur la conception de la connaissance et sa gestion
La gestion des connaissances est un domaine d’études interdisciplinaire et est étroitement liée aux sciences de l’information. Ce domaine comprend un ensemble de processus qui régissent la capture, le stockage, la création, la diffusion et l’utilisation des connaissances dans une organisation. Les chercheurs Maryam Alavi et Dorothy E. Leidner[1] établissent une relation entre la conception de la connaissance et la définition de sa gestion. Si par connaissance, on entend accès à l’information, la gestion des connaissances devrait mettre l’accent sur la mise en place de systèmes de stockage des connaissances. Si la connaissance est perçue comme un processus, la gestion des connaissances est plutôt une affaire de flux et l’accent est mis sur la création, le partage et la distribution de ces connaissances. Si la connaissance est vue comme une capacité, gérer les connaissances signifie construire des compétences et un capital intellectuel.
Dans le classement des facteurs clés de succès en matière de gestion de connaissance établie par les chercheurs Jennex et Olfman en 2004 à partir de la littérature, quatre sont jugés critiques :
- Une stratégie en matière de connaissances qui identifie les utilisateurs, les sources, les processus, la méthode de stockage et les connaissances en elles-mêmes.
- La motivation et l’engagement des utilisateurs, y compris les mesures d’incitation et la formation.
- Une infrastructure technique comprenant réseaux, bases de données, ordinateurs et logiciels.
- Une culture et une structure organisationnelles qui favorisent l’apprentissage ainsi que le partage et l’utilisation des connaissances.
Contenu du dossier
« Nous n’apprenons pas de l’expérience… nous apprenons en réfléchissant sur l’expérience » aurait déclaré le philosophe et éducateur américain John Dewey. Pour faire avancer notre thème annuel, nous avons invité diverses personnes à nous parler de la façon dont elles accompagnent la nouvelle génération, gèrent et partagent les connaissances, et ce qu’elles ont appris en le faisant. L’idée est, comme toujours, de mettre en évidence les défis rencontrés, de présenter initiatives et pratiques qui pourraient inspirer les autres.
Pour commencer, nous avons demandé à PwC de présenter les résultats de l’étude qu’ils ont menée pour identifier les préoccupations de la main-d’œuvre d’aujourd’hui et nous donner un aperçu de la manière dont les dirigeants peuvent relever les défis relatifs à la main-d’œuvre tels que ceux liés à la rétention du personnel ou la rareté des compétences. Connaître les préoccupations actuelles du personnel – ses craintes, ses espoirs, ses aspirations et ses attentes – est en effet essentiel pour toute administration lors de l’élaboration de programmes et de politiques soutenant le développement des aptitudes individuelles et des capacités institutionnelles.
Suit un article de la Douane du Qatar qui explique comment l’Administration a élaboré sa stratégie de gestion des connaissances et les diverses initiatives qui entrent dans le cadre de sa mise en œuvre. Entre autres choses, il souligne la nécessité de définir un objectif et un but clairs et de s’assurer que tous les employés comprennent ce que signifie la gestion des connaissances.
Deux articles abordent ensuite les possibilités pour les douaniers de développer aptitudes et compétences grâce à des formations et autres opportunités d’apprentissage. De telles activités sont justifiées si les employés concernés n’ont pas les compétences requises pour le poste qui leur correspond le mieux et si les compétences visées seront effectivement utilisées juste après la formation, ou si des compétences spécifiques leur sont nécessaires pour avancer professionnellement ou pour se perfectionner. Dans le premier article, le Réseau international d’étude des questions douanières (INCU de son acronyme anglais) présente des tendances intéressantes observées dans les programmes universitaires douaniers en soulignant l’évolution des types de sujets couverts et des modèles d’apprentissage utilisés. Dans le deuxième article, la Douane chinoise présente sa stratégie de formation ainsi que les initiatives récentes visant à identifier, collecter, créer, partager et transférer les connaissances dans l’ensemble de l’Administration.
En raison de l’évolution démographique, certains pays verront environ un tiers de leur fonction publique partir à la retraite dans les 10 à 15 prochaines années. Cela crée des risques sérieux pour la continuité du service et la performance de l’administration publique. Face à ce problème, la Douane serbe explique les mesures qu’elle a prises pour connecter les employés, renforcer leur sentiment d’appartenance et de fierté et créer une culture de la connaissance. L’objectif est de faire en sorte que les fonctionnaires expérimentés soient reconnus et leurs connaissances valorisées, et que les nouvelles générations aient le sentiment de contribuer à la construction de la mémoire institutionnelle. Ensemble, ils décident de ce qui doit être préservé et transmis aux générations futures.
Enfin, deux articles examinent les pratiques utilisées par les courtiers en matière de collecte et de partage des connaissances pour gérer la question extrêmement complexe, exigeante et risquée des connaissances douanières. Les réflexions qui y sont présentées s’appliquent à tous les praticiens des douanes et aux entreprises du commerce.
Je tiens à remercier sincèrement toutes celles et ceux qui ont participé à l’élaboration de ce dossier et, plus généralement, de ce numéro du magazine pour avoir pris le temps de nous faire part de leurs expériences sur diverses questions touchant à la douane et au commerce international. Ensemble, ils contribuent à faire de l’OMD un environnement de création et de partage des connaissances.
[1] M. Alavi, D. Leidner, Review: Knowledge Management and Knowledge Management Systems: Conceptual Foundations and Research Issues, March 2001, MIS Quarterly 1(10):107–136