Un système d'inspection non intrusive (INI) monté sur un véhicule télécommandé - © NUCTECH

Dossier: Technologies de rupture

La révolution de l’IA est en marche… Et c’est plutôt une bonne nouvelle pour la douane

12 octobre 2022
Par Zhiqiang Chen, Président et Directeur général de NUCTECH

Les autorités douanières s’intéressent de plus en plus à l’intelligence artificielle (IA), ce vaste domaine de la science qui se fonde sur la simulation de la pensée et du comportement humains. Comme le souligne le document Le rôle des technologies avancées dans le commerce transfrontière : Le point de vue des douanes, conjointement élaboré par l’Organisation mondiale des douanes (OMD) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), près de la moitié des administrations douanières utilisent l’un ou l’autre assemblage de technologies d’analyse des mégadonnées, d’IA et d’apprentissage automatique, tandis que l’autre moitié prévoit de s’y mettre à l’avenir.

L’IA est devenue l’une des technologies les plus transformatrices pour les douanes, agissant en tant que véritable multiplicateur de puissance pour les aider à relever les défis associés notamment à des ressources humaines soumises à de trop fortes pressions et aux vulnérabilités des chaînes logistiques, ainsi qu’aux risques pour la sécurité et les recettes posés par les flux de marchandises générés par les ventes en ligne.

Outils de détection automatisée

L’IA est la porte d’entrée de la douane vers une nouvelle ère d’automatisation et d’efficacité. L’intelligence artificielle fait notamment partie intégrante des technologies d’inspection non intrusive et elle aide les douaniers à identifier des objets spécifiques ou encore à détecter des anomalies, des matières radioactives et des marchandises spécifiques telles que du tabac ou encore des bouteilles d’alcool, et ce en quelques secondes seulement. La liste des articles qui peuvent être identifiés automatiquement grâce à la technologie de reconnaissance des menaces ne cesse de s’élargir, cette technologie pouvant être personnalisée pour cibler des marchandises particulières et des tendances spécifiques en matière de contrebande.

Durant les tests menés en conditions réelles par la Douane chinoise, l’Université de Tsinghua et NUCTECH, 1 182 types de produits en tout ont été concrètement identifiés par les systèmes d’INI équipés d’IA, parmi lesquels 49 étaient des articles interdits ou soumis à des restrictions.

Uniformiser les procédures en cours de route

Pour les conteneurs maritimes, ce type d’outil de détection automatique offre d’énormes possibilités pour transformer les vérifications douanières en des procédures simplifiées durant le trajet, ce qui réduit fortement les taux d’inspections tout en évitant d’interrompre la circulation des bateaux ou encore le commerce. Prenons l’exemple du port du Qingdao, en Chine, où les conteneurs sont transportés par convoyeurs aériens sur rail. Un système d’inspection modulaire à haut rendement énergétique analyse par balayage chaque conteneur transporté sur l’axe ferroviaire. Dans un secteur où chaque minute se compte en argent, cette solution permet non seulement de gagner énormément de temps tout en procédant à des contrôles de sécurité exhaustifs, mais aussi de réduire les frais d’expédition des conteneurs à hauteur de 100 dollars des États-Unis par conteneur.

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Un convoyeur aérien sur rail au port du Qingdao, en Chine. Un système d’inspection modulaire à haut rendement énergétique analyse par balayage chaque conteneur transporté sur l’axe ferroviaire.

Les dépistages durant le trajet peuvent également s’appliquer aux marchandises en dégroupage, à condition que le véhicule transportant le fret soit passé par un appareil de scannage en cours de route. Ce sera notamment le cas dans un terminal portuaire automatisé qui devrait être opérationnel bientôt et où des systèmes d’inspection non intrusive (INI) sont en train d’être montés sur des véhicules télécommandés. Ces derniers sont des équipements de manutention ou des fardiers sans équipage qui se déplacent de manière autonome dans un entrepôt, un site de production ou encore un port.

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Dans un terminal portuaire automatisé, qui devrait être opérationnel bientôt, des systèmes d’inspection non intrusive (INI) sont en train d’être montés sur des véhicules télécommandés

Les systèmes de détection de la menace permettent également de contrôler par balayage 100% des bagages entrants. Ils renforcent ainsi la sécurité et améliorent l’expérience de voyage des passagers. Les Douanes de Chine et de Thaïlande, par exemple, disposent de solutions intégrées d’IA, de scanners, de scellements d’identification par radiofréquence (RFID) et de caméras de vidéosurveillance afin que, combinées les unes aux autres, elles leur permettent de prendre des décisions éclairées de manière hautement efficace. Tous les bagages enregistrés sont contrôlés, passés au scanner et surveillés avant d’être transportés vers les carrousels dans les zones de récupération des bagages. Les valises suspectes sont automatiquement marquées à l’aide d’un scellé RFID, qui déclenche une alarme lorsque les passagers passent par la douane. Ces passagers sont donc arrêtés pour être soumis à une vérification plus poussée, tandis que ceux et celles transportant des bagages considérés comme ne présentant qu’un faible risque peuvent continuer leur chemin sans interruption vers la sortie.

Donner plus d’autonomie au personnel

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Décompte automatique : 5 montres de luxe

L’analyse d’images peut vite devenir une tâche répétitive et fastidieuse. Durant un concours d’essai entre humains et machines, ces dernières ont battu les opérateurs humains au niveau des taux positifs de détection. Seuls les experts chevronnés ayant plus de 10 ans d’expérience ont obtenu des résultats un tout petit peu meilleurs que les machines. Le temps moyen nécessaire pour l’analyse d’une image par les opérateurs humains était de 45 fois supérieur.

L’IA pourrait donc permettre aux douanes d’apporter une aide efficace aux analystes d’images, en particulier à celles et ceux qui n’ont pas beaucoup d’expérience, et réduire ainsi le temps nécessaire à l’analyse. En mettant l’IA au service des opérateurs, ces derniers pourraient donc travailler sans ressentir la fatigue habituelle qui s’installe forcément durant le travail et ils pourraient ainsi se concentrer sur la prise de décisions essentielles. En somme, la procédure d’analyse des images deviendrait meilleure, plus courte et moins exigeante au niveau de l’intensité de main-d’œuvre.

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Mesure automatique : 5,2 litres de vin en bouteille

Outre la détection d’articles, l’IA peut aussi aider la douane à obtenir des données utiles comme le nombre d’articles dans un envoi, ou encore leur taille et leur poids, et ce en quelques secondes seulement.

Avec une expertise tirée de plus de 1 000 déploiements recourant à l’IA, nous pensons que l’IA est en train de se frayer un chemin dans tous les aspects critiques des contrôles douaniers, les rendant plus efficaces, plus probants et plus robustes.

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chenzhiqiang@nuctech.com
www.nuctech.com

Sur l’auteur

Le Professeur Zhiqiang Chen est chercheur dans le domaine de l’imagerie radiologique à l’Université de Tsinghua de Pékin. Il est également Président et Directeur de NUCTECH. Dans sa volonté de faire des technologies une ressource du quotidien, il a orienté les travaux de l’équipe de NUCTECH vers le déploiement de technologies d’inspection de pointe dans divers domaines, notamment les contrôles douaniers et la sécurité aéroportuaire. Sous sa direction, NUCTECH est passée du rang de petite entreprise à celui de multinationale, avec plus de 50 000 scanneurs et autres outils déployés dans plus de 170 pays.