Flash Infos

D’une simple esquisse sur une table de travail de l’OMD aux plans stratégiques des douanes : le programme nCEN est-il en train de prendre d’assaut les douanes ?

22 octobre 2019
Par Iwona Sawicka, Programme CEN, OMD

Au tout début, en 2013, l’application du Réseau douanier national de lutte contre la fraude (nCEN) n’était utilisé que par un seul pays qui avait besoin d’un outil pour recueillir, stocker, analyser et diffuser les données relatives aux saisies réalisées afin de développer une capacité de renseignement solide. Un an après son lancement, huit pays avaient commencé à utiliser l’application et, avec le temps, d’autres ont suivi leur exemple. Aujourd’hui, le nCEN est déployé dans 35 administrations douanières et des plans concrets sont en place afin d’accroître ce nombre à 50 d’ici fin 2020.

Si le nombre de pays dotés du nCEN a augmenté aussi rapidement, c’est en grande partie grâce au financement généreux fourni à l’OMD par divers pays donateurs. En effet, l’OMD offre le logiciel du nCEN gratuitement mais elle ne couvre ni les frais associés à l’achat du matériel informatique nécessaire pour exécuter l’application, ni les coûts de formation ni ceux ayant trait aux modifications de l’infrastructure TIC locale qui sont parfois nécessaires.

Le financement par les donateurs permet également à l’OMD d’apporter d’importantes améliorations à l’application en matière de fonctionnalités. Le succès durable du Programme nCEN dépend donc en grande partie de ces dons qui sont d’autant plus critiques que la liste des pays candidats ayant besoin de l’application est longue.

Dans la première version du nCEN, l’accent avait été mis avant tout sur la collecte des données. Tandis que la base d’utilisateurs s’est élargie et que de plus en plus de pays ont commencé à utiliser l’application, le composant de communication, baptisé Icomm, a été amélioré afin de permettre un échange de données plus simple et plus complet entre administrations douanières.

Aujourd’hui, l’intérêt des douaniers chargés de la lutte contre la fraude envers le nCEN va au-delà de l’analyse des risques et s’articule autour du profilage et du ciblage de personnes, des entreprises ou des moyens de transport suspects. La dernière version du nCEN, qui sera lancée bientôt, contient une fonction en matière d’analyse des données qui permet notamment de lancer des recherches automatisées sur les nouvelles données et d’entrer des règles d’appariement pour identifier les liens entre les éléments de données dans l’application. Toute nouvelle version du nCEN est diffusée auprès des pays utilisateurs via le gestionnaire de mise à jour automatisée intégré à l’outil.

Des discussions sont en cours afin d’élargir la fonctionnalité du nCEN dans le but de répondre aux attentes des administrations douanières, et plus généralement des services chargés de la lutte contre la fraude, en réévaluant et en normalisant les méthodes actuelles utilisées pour recueillir les données sur les suspects et les contrevenants et en créant une base de données supplémentaire concernant les « individus ».

Les transferts de données entre les trois applications constituant la suite CEN – à savoir le CEN, le CENcomm et le nCEN – ont également été simplifiés. Consciente du fait que les données recueillies par différents systèmes ne peuvent être intégrées facilement, l’OMD s’efforce constamment de rendre la suite CEN plus interopérable. La dernière version du CENcomm, qui devrait être lancée sous peu, permet de transférer au nCEN les données de saisie recueillies au cours des opérations douanières en un clic, tandis que, grâce à la fonction de connexion externe au CEN et au nCEN, il est à présent possible d’envoyer automatiquement les données sur les saisies vers ces applications depuis les systèmes nationaux existants.

Bien qu’il ait été conçu comme partie intégrante d’une suite de logiciels CEN connectés et interopérables, le nCEN est, dans les faits, une application composée d’un jeu de modules indépendants qui peuvent être utilisés ensemble ou séparément, selon les besoins opérationnels ou législatifs de l’administration douanière qui en fait usage.

Alors que, pour certaines administrations, le nCEN s’avère être un outil efficace de communication entre services répressifs et autres agences au niveau local et de partage d’informations à des fins pédagogiques, d’autres apprécient plus particulièrement les fonctionnalités de gestion des flux des tâches de l’outil ainsi que la communication structurée qu’il offre dans le cadre des procédures d’enquête ou des mesures de suivi après saisie.

De plus, les déploiements récents de l’application au sein d’administrations possédant déjà un système centralisé de recueil de données de lutte contre la fraude s’expliquent par l’intérêt porté à la mise en place de mécanismes de coopération au niveau régional et au-delà, dans la mesure où tous les utilisateurs de l’application font partie du Réseau mondial du nCEN.

Si le nCEN est disponible en plusieurs langues, la connexion entre utilisateurs dans différents pays est facilitée par le recours à un modèle de données rigide qui permet la traduction structurée des étiquettes et des listes de données. Ainsi, il est possible de contourner les barrières de langage et de convertir plus aisément les données entre les différentes versions linguistiques du nCEN.

Les évolutions technologiques du nCEN sont le résultat direct des demandes de ses utilisateurs. Face au nombre croissant de pays utilisant l’application, l’OMD a facilité la création de structures de coopération régionale qui permettent aux utilisateurs du nCEN d’échanger des meilleures pratiques et des expériences ainsi que de débattre des améliorations apportées au niveau des fonctionnalités de l’application. Des réunions régionales sur les questions relatives au nCEN se tiennent à présent en Afrique orientale et australe et dans la région Asie/Pacifique.

Le nCEN est également intégré de plus en plus dans les plans stratégiques des administrations qui l’utilisent, mesure essentielle si l’on veut garantir l’utilisation optimale et le succès de l’application au niveau national.

Le nCEN est-il en train de prendre d’assaut les douanes ? Nous sommes partis d’un seul pays pilote, en comptons maintenant 35, et en aurons bientôt 50…. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

En savoir +
ncen@wcoomd.org

 

Qu’est-ce que la suite CEN ?

La suite comprend trois applications autonomes :

  • Le Réseau douanier de lutte contre la fraude (CEN) est une plateforme Web qui fonctionne comme un répertoire de renseignements relatifs à la lutte contre la fraude, offrant ainsi aux analystes une source précieuse d’informations qu’ils peuvent explorer et exploiter aux fins de l’analyse et du renseignement. La pierre angulaire du CEN est une base de données comprenant tant des informations que des photographies sur les saisies et les infractions. Son utilité repose entièrement sur le flux de données de qualité fournies par tous les Membres de l’OMD.
  • Le CEN national (ou nCEN) est une application qui donne aux douanes la possibilité concrète de recueillir, d’emmagasiner, d’analyser et de diffuser les données relatives à la répression de la fraude. Le nCEN se compose de trois bases de données indépendantes. La base de données principale porte sur les saisies et les délits au niveau national (marchandises, moyens de transport et itinéraires suivis) et elle offre la possibilité de consulter des photos illustrant les méthodes exceptionnelles utilisées comme moyens cachés. Deux autres bases de données supplémentaires contiennent des informations sur les individus et les entreprises jugés suspects et présentant un intérêt pour la douane, facilitant ainsi la structuration des procédures d’enquête.
  • La plateforme de communication du CEN (CENcomm) est un système de communication axé sur le web permettant à un groupe fermé d’agents d’échanger des informations en temps réel, et ce pour la durée d’une opération ou d’un projet de lutte contre la fraude. La remise de rapports d’information peut être normalisée grâce à l’utilisation de formulaires types qui peuvent être personnalisés pour n’inclure que les champs de données pertinents pour une opération spécifique.