Comme nous l’avons déjà expliqué dans un numéro précédent de ce magazine, l’expression d’IA désigne plusieurs systèmes, dont certains en sont encore au stade la théorie :

• Les systèmes d’IA réactive, qui n’ont ni la capacité de se créer des souvenirs ni d’utiliser des expériences passées pour étayer les décisions actuelles.
• Les systèmes à mémoire limitée, qui peuvent utiliser les informations du passé pour améliorer leurs réponses.
• Les systèmes d’IA dits de la « théorie de l’esprit », qui arrivent à se faire non seulement une représentation du monde mais aussi d’autres entités. En sciences cognitives, la théorie de l’esprit désigne les processus cognitifs permettant à un individu d’attribuer un état mental (croyance, intention, désir, jeu, connaissance, etc.) à lui-même ou à une autre personne, ce qui permet aux humains de maintenir des interactions sociales. Ce type d’IA comprend donc le raisonnement, le motif et l’intention, et ajuste son comportement en conséquence.
• La conscience de soi : les systèmes qui peuvent se faire une représentation d’eux-mêmes, connaître leur état interne et prédire les émotions des autres.

Les systèmes d’IA traditionnels qui sont utilisés aujourd’hui sont plutôt des systèmes d’IA réactive ou à mémoire limitée. Ils permettent aux douanes de donner un sens aux images et aux données créées par des systèmes d’INI, de vérifier les flux de données par validation croisée, d’analyser d’abondantes sources de données afin de détecter la fraude, de lancer des recherches pour tous les types de risques et de déceler les anomalies.

Fort de sa vision stratégique visant à faire de Dubaï une plaque tournante du commerce électronique international, le gouvernement s’est engagé à réduire de 20 % les frais relatifs aux opérations en lien avec ce type de commerce qui incluent notamment les dépenses liées aux déclarations, aux droits de douane, au stockage ou encore à l’entreposage. La Douane de Dubaï a su tirer parti de la technologie des chaînes de blocs et a noué des partenariats stratégiques avec les principales zones franches en vue de créer une plateforme innovante qui s’intègre de manière optimale aux systèmes informatiques des diverses entreprises engagées dans des activités de commerce électronique. Ce réseau de collaboration inclut des sociétés de courrier exprès, des entreprises de commerce électronique, des fournisseurs de services logistiques et des zones franches.

La plateforme contribue non seulement à instaurer un climat de confiance et de transparence au sein de l’écosystème du commerce électronique, mais aussi d’ouvrir la voie à une conformité douanière accrue. Lorsqu’une entreprise connectée à la plateforme de commerce électronique passe une commande en ligne, les données de la commande sont instantanément transmises à la plateforme. Une fois que la plateforme reçoit les informations relatives à la facture et à l’expédition, elle crée rapidement une déclaration en douane en y appliquant les avantages prévus par la politique en place. Le message de dédouanement de la déclaration est échangé avec l’entreprise et les zones franches, ce qui permet de décharger rapidement les produits à travers les zones franches.

La plateforme permet :

• d’identifier les entreprises de commerce électronique, leur permettant de bénéficier d’un meilleur service,
• d’automatiser la préparation des déclarations et le dédouanement,
• d’offrir des exonérations de droit et une réduction des charges sur les services,
• d’automatiser les remboursements des droits/cautions,
• de réglementer les retours de marchandises en comparant la déclaration d’importation avec la déclaration d’exportation,
• d’assurer une visibilité et une traçabilité à 100 % des transactions,
• d’apporter une flexibilité aux sociétés 24h/24 et 7j/7,
• d’établir un système de « laissez-passer intégré » pour un mouvement plus rapide des marchandises.

En l’essence, cet écosystème est en train de façonner non seulement l’avenir du secteur, mais aussi de positionner Dubaï en tant que leader mondial de la facilitation des échanges de commerce électronique. De janvier à septembre 2023, des déclarations de commerce électronique pour une valeur de 732 millions AED (valeur CAF) ont été apurées sans frais d’enregistrement. Plus de 300 sociétés se sont inscrites auprès de la Douane en tant qu’entreprises et/ou sociétés de logistique effectuant des opérations de commerce électronique.

iDeclare est une appli intelligente qui permet aux voyageurs de plus en plus nombreux arrivant à Dubaï (plus de 66 millions de passagers en 2022 et 42 millions au premier semestre 2023) de soumettre en toute sécurité une déclaration en douane par voie électronique, évitant ainsi de devoir passer par le formulaire papier habituel. L’appli génère un code-barres qui est ensuite scanné par la Douane (voir l’article publié à ce sujet en octobre 2018). Elle a récemment été mise à niveau. Les passagers peuvent à présent prendre des photos des produits, des effets personnels, des cadeaux, des devises ou de l’argent liquide en leur possession pour lesquels ils souhaitent présenter une déclaration préalable. L’appli choisit alors le code du SH correspondant et détermine les droits de douane à payer, le cas échéant. Les voyageurs ne doivent plus remplir manuellement les informations de voyage : il leur suffit maintenant de scanner le code QR de leur carte d’embarquement.

L’appli contient également un Guide des douanes à l’adresse des voyageurs (disponible sur le site www.dubaicustoms.gov.ae) qui inclut des informations sur les produits et articles soumis à des interdictions et qui doivent être déclarés, sur les articles en franchise de droits et les conditions de franchise, et sur les quelques articles faisant l’objet de restrictions, comme certains médicaments et plantes qui exigent un permis d’importation de la part des autorités compétentes.

Un autre outil innovant a été lancé par la Douane de Dubaï : l’appli Al Munasiq (« l’harmonisateur » en arabe) permet aux usagers de retrouver un code du Système harmonisé (SH), soit en saisissant la description d’un article, soit en prenant une photo du produit visé à l’aide de l’appareil photo de leur téléphone, soit encore en téléchargeant dans l’appli une photo ou une image existante. Al Munasiq propose alors un ou plusieurs résultats, par ordre décroissant de probabilité, ainsi que des informations complémentaires telles que la description de l’article, le taux de droit exigible en douane et les éventuelles restrictions et prohibitions (voir l’article publié à ce propos en octobre 2021).

Développée en collaboration avec l’entreprise de développement urbain Dubai South, l’initiative d’inspection à distance permet aux entreprises, qui sont basées dans le quartier Dubai Logistics City et qui jouissent du statut d’OEA, de demander à la Douane de mener ses vérifications dans une zone spécifique, en utilisant un robot équipé d’une caméra vidéo thermique ou infrarouge. La caméra est contrôlée à distance par les douaniers et les séquences vidéo ainsi que les données générées sont envoyées à la salle de contrôle des douanes en temps réel. Le robot fonctionne sur une batterie Li-ion de longue durée, avec une capacité de charge rapide.

Programme de formation à la réalité virtuelle en douane

La Douane de Dubaï a déployé un programme de formation sur la réalité virtuelle (RV) afin de former ses inspecteurs en vue d’améliorer leurs capacités dans la détection d’objets prohibés et d’acquérir un savoir-faire pratique de manière ludique. Géré par le Centre de formation douanière, le programme de RV apprend aux inspecteurs non seulement comment commencer la journée avant une inspection – par exemple, en s’assurant que tous les outils de sûreté soient prêts avant qu’ils ne se rendent aux ports –, mais aussi comment mener une inspection du fret. Durant la formation, les inspecteurs doivent trouver des objets cachés ou interdits, comme des drogues ou des armes, par exemple, et à chaque fois qu’ils y parviennent, ils se voient attribuer des points qui leur permettent de passer à l’étape suivante de la formation (voir l’article publié en février 2019).

L’automatisation des processus de robotique (RPA) recourt aux technologies d’automatisation intelligente pour mener des tâches de bureau répétitives qui sont normalement assurées par des personnes (extraire des données, soumettre et classer des formulaires ou déplacer des fichiers, par exemple). La Douane de Dubaï utilise la RPA et l’IA pour automatiser les procédures de réclamations et de remboursements. Ses équipes de développement technologique ont déployé le Smart Refund System (système de remboursement intelligent) qui apparie et valide, sans intervention humaine, les détails sur un article, par rubrique, avec les informations apparaissant dans les documents justificatifs électroniques ou scannés. La mise en œuvre du système présente des avantages majeurs pour les entreprises et les gouvernements en termes de promotion du commerce, de réduction des coûts et d’amélioration de la transparence des transactions commerciales internationales.

L’automatisation des processus de robotique et l’IA vont également été utilisées pour transformer et améliorer un autre volet important du travail douanier : le contrôle a posteriori. L’initiative vise à automatiser quelques processus afin de contrôler les déclarations d’importation de haute valeur. Cinq applications logicielles ou « bots » devront être « formés » pour automatiser les processus répétitifs, comme l’appariement des données. L’IA a été intégrée dans la fonctionnalité de base des bots et ces derniers appliquent des algorithmes d’apprentissage automatique et de traitement du langage naturel pour interpréter les données et dégager les tendances. Outre les importantes économies de coût réalisées grâce à la suppression du processus de vérification manuelle, l’automatisation des contrôles devrait aussi avoir des effets sur le recouvrement des recettes en aval des audits. L‘initiative permettra à la Douane d’accroître graduellement le nombre d’audits sur les déclarations d’importation de haute valeur pour passer de 19 % par an à l’heure actuelle (soit quelque 380 000 déclarations) à 100 % (soit 2 millions) dans les cinq prochaines années.

La Douane peut utiliser l’IA dans bien d’autres domaines et transformer potentiellement les processus commerciaux tout en améliorant la sécurité, notamment par le biais :

• d’algorithmes de détection automatisée de la menace dans le cadre des contrôles à rayons X,
• de l’analyse prédictive (analyse historique automatisée des tendances afin d’en tirer des modèles prédictifs),
• d’autres systèmes automatisés de vérification de documents,
• de chatbots et d’assistants virtuels,
• des enregistrements sur une chaîne de blocs des transactions et des mouvements de marchandises,
• d’outils de détection des anomalies,
• de drones avec un logiciel d’IA intégré,
• de plateformes analytiques pour explorer et analyser les données douanières,
• de systèmes de vision par ordinateur conçus pour utiliser les informations tirées des images numériques afin d’inspecter automatiquement les conteneurs, en vue d’y détecter des dégâts, des traces de manipulation ou encore des compartiments cachés.

Les autorités douanières devraient tenir compte du fait qu’il est essentiel de respecter les règlementations sur la vie privée et la protection des données, ainsi que de promouvoir la confiance entre les négociants et les voyageurs. De plus, pour intégrer avec succès l’IA aux activités douanières, il demeure fondamental d’investir en continu dans la formation des employés et dans l’infrastructure. Les autorités douanières devraient également prendre en compte la durabilité en promouvant des pratiques respectueuses de l’environnement.

L’approche visionnaire de la Douane de Dubaï en vue d’exploiter l’IA est susceptible de créer de nouvelles normes pour les activités douanières. Tandis que le paysage commercial international continue d’évoluer, Dubaï se tient prêt à montrer la voie en mettant en avant le pouvoir de transformation de l’intelligence artificielle en douane et dans le contrôle des frontières.

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Communication.Department@dubaicustoms.ae