Panorama

Comment la mise en place du nCEN a permis à l’Ouganda de renforcer ses capacités de ciblage

22 juin 2020
Par Douglas Kabagambe, responsable du Programme nCEN, Département de la douane, Uganda Revenue Authority

La Douane ougandaise a adopté le Réseau douanier national de lutte contre la fraude (nCEN) en 2015. Il lui a fallu du temps pour encoder les informations dans l’application et pour convaincre ses agents chargés de la lutte contre la fraude de ses bénéfices. Aujourd’hui, la base de données compte 1 200 cas validés, ce qui a permis d’améliorer grandement la situation qui ne fait d’ailleurs que s’améliorer. Le but est d’arriver à ce que 90 % de toutes les saisies effectuées dans le cadre de la lutte contre la fraude soient encodées dans le nCEN au cours de l’exercice 2019/2020, afin de créer des capacités solides de traitement du renseignement et de renforcer la méthodologie utilisée en matière de profilage.

Tout douanier est motivé par le désir de détecter les délits et les fraudes. À cette fin, les douaniers ougandais travaillent sur la base des renseignements qu’ils peuvent avoir reçus de leurs informateurs et des contrôles de routine mais aussi, et de plus en plus, sur la base des profils de risque. Les statistiques montrent qu’actuellement les saisies sont le résultat tant de contrôles de routine que de contrôles ciblés, mais l’administration estime que, pour accroître l’efficacité des inspections, il est indispensable d’améliorer l’analyse des données.

Le nCEN se compose de trois bases de données indépendantes. La base de données principale portant sur les saisies et les délits au niveau national couvre les données principales requises aux fins de l’analyse de risques, ainsi que sur les données sur les moyens de transport et les itinéraires suivis. Elle offre la possibilité de consulter des photos illustrant les méthodes exceptionnelles utilisées comme moyens cachés. Deux autres bases de données contiennent des informations sur les individus et les entreprises jugés suspects et présentant un intérêt pour la douane, facilitant ainsi la structuration du processus d’enquête.

À partir des informations figurant dans les bases de données du nCEN, les analystes de données ougandais ont développé des indicateurs de risques concernant les moyens cachés, les chargements de couverture et les itinéraires suivis, ainsi que le profil des contrevenants. De plus, le nCEN représente un vivier solide d’informations de référence pour les douaniers de terrain, dès leur premier jour de travail.

© Uganda Customs
© Uganda Customs
© Uganda Customs
© Uganda Customs
© Douane ougandaise
Au cours d’une récente saisie, 762 pièces en ivoire et 423 kg d’écailles de pangolins ont été découverts cachés dans un chargement de couverture de troncs d’arbres : les contrebandiers avaient évidé quelques troncs pour y cacher les différents produits, puis les avaient remplis de cire afin d’immobiliser les produits. © Uganda Customs

Il est particulièrement utile d’étudier les méthodes de dissimulation et les moyens cachés utilisés par les contrevenants. Grâce à l’indicateur de risque sur les chargements de couverture, 762 pièces en ivoire (d’un poids total de 3,2 tonnes) et 423 kg d’écailles de pangolin ont été saisis et l’affaire suit son cours devant les tribunaux. Le chargement de couverture était des troncs d’arbres : les contrebandiers avaient évidé les troncs pour y placer les différentes pièces, puis les avaient remplis de cire afin d’éviter que les produits ne bougent à l’intérieur.

Le transfert de données entre le nCEN et le CEN mondial de l’OMD est facile et, dans ce cas particulier, les données ont été partagées immédiatement à travers la plateforme CEN, afin d’informer la communauté douanière internationale de ce mode opératoire.

D’autres indicateurs de risque très utiles sont l’itinéraire, qui inclut le pays d’origine, de transit et de destination, ainsi que la nationalité des délinquants. En effet, le profilage des individus est un élément critique : comme dit l’adage, les choses n’arrivent pas, on les fait arriver.  

Ces indicateurs de risque ne sont que trois exemples des nombreux champs importants qui doivent être remplis au moment de soumettre des informations sur les bases de données du nCEN. Les photographies sont également utiles dans la mesure où les images parlent d’elles-mêmes et permettent aux agents de mieux comprendre la nature d’un article et les méthodes de dissimulation.

Le nCEN est aussi un puissant outil de formation et des dispositions ont été prises pour élaborer un cours d’introduction à la gestion des risques pour les douaniers nouvellement recrutés sur la base des données et des photos sur les saisies répertoriées dans la base de données nCEN, ainsi que des statistiques tirées de l’analyse des données nCEN.

En résumé, le nCEN est un instrument solide, complet et fiable, dont nous ne pourrions plus nous passer.

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dkabagambe@ura.go.ug