Dossier

Frontières SMART: quelques mots à propos du thème de l’année 2019

21 février 2019
Par Kunio Mikuriya, Secrétaire général, OMD

Chaque année, le Secrétariat de l’OMD choisit un thème – pertinent pour la communauté douanière internationale. Le slogan choisi pour l’année 2019 est « Des frontières SMART pour des échanges commerciaux fluides et le mouvement sans entrave des personnes et marchandises ». Parler de frontières « intelligentes » est d’autant plus opportun que l’on parle aujourd’hui de travail intelligent, de technologies intelligentes, d’objectifs intelligents et même de villes intelligentes.

Le thème invite les Membres de l’OMD à examiner la manière dont ils peuvent faciliter les échanges commerciaux et les mouvements de passagers, tout en atténuant les menaces inhérentes aux flux transfrontaliers de marchandises, de personnes et de moyens de transport. L’acronyme SMART renvoie aux principes qui doivent ici guider la douane : sécuriser les frontières, mesurer la performance, automatiser les procédés, gérer les risques et intégrer la technologie.

Sécuriser est un terme familier qui fait référence aux efforts entrepris pour sécuriser les échanges et faciliter le commerce légitime. Permettre un mouvement rapide et sûr des personnes et des biens à travers les frontières encourage le commerce et les voyages. Faciliter ces flux tout en les sécurisant n’est pas une tâche facile, mais les douanes sont concentrées et déterminées à atteindre cet objectif.

À côté de la sécurité, nous promouvons une culture axée sur la performance qui s’appuie sur l’auto-évaluation et la mesure objective. La mesure de la performance est essentielle pour une prise de décisions éclairées qui soutiendront à leur tour mise en œuvre et évaluation.

Être « SMART » se réfère immanquablement à la nécessité pour la douane de mettre au point des solutions « automatisées ». Dans la recherche d’un environnement frontalier moins tatillon, où les données sont extraites, partagées et analysées de manière efficace, la douane doit s’appuyer sur des processus automatisés. C’est un autre domaine dans lequel les douanes progressent avec leurs programmes de réforme et de modernisation.

Adopter une démarche fondée sur la  « gestion des risques » est essentiel à tout processus douanier moderne. Cela exige un examen sérieux des pratiques d’analyse du risque et le développement de techniques efficaces de ciblage basées sur des méthodes modernes et des outils tels que l’analyse prédictive ou la biométrie. Encore une fois, les douanes ne sont pas en reste, de plus en plus de Membres de l’OMD reconnaissant l’importance d’utiliser des méthodes basées sur les risques.

Cela nous amène au dernier mot de notre acronyme, « technologie ». La douane devrait sans relâche réaliser des études et organiser des exercices de démonstration de faisabilité concernant les technologies émergentes pour rester en première position. Des technologies telles que les chaînes de blocs et l’informatique en nuage sont notamment mises à profit mais nous avons encore besoin de davantage de partage d’expérience dans ce domaine.

Pour le dossier de ce numéro du magazine, nous avons invité diverses personnes à présenter des initiatives ou projets qui contribuent à la création de frontières intelligentes. L’idée est, comme toujours, de mettre en lumière les défis rencontrés, de communiquer sur des projets qui pourraient servir de source d’inspiration aux autres, et de partager les bonnes pratiques.

Le dossier débute par un article de la Douane serbe sur la numérisation de son régime de transit et sur les procédures d’accompagnement prises dans la foulée de cette numérisation afin de sécuriser les opérations de transit tout en accordant des simplifications aux opérateurs remplissant certains critères. Toujours dans le domaine du transit, la Douane ougandaise explique comment la mise en place d’un système de surveillance électronique du fret au niveau régional permet aux pays de l’Afrique de l’Est de réduire les délais de transit, de prévenir le vol et de renforcer la perception des recettes.

Vient ensuite un article de la Douane brésilienne qui présente son programme d’opérateur économique agréé (OEA), et plus particulièrement l’impact du programme en termes de facilitation des échanges et les efforts déployés pour inciter d’autres agences frontalières à y participer.

Suit un article du Secrétariat expliquant comment la Douane du Burkina Faso a établi un mécanisme de décisions anticipées pour le classement tarifaire et conduit une première étude sur le temps nécessaire pour la mainlevée des marchandises grâce au soutien fourni par l’OMD dans les domaines de la gestion de projet et de l’engagement des parties prenantes

L’OMD ayant récemment lancé une initiative sur les petites économies insulaires afin de sensibiliser davantage la communauté internationale aux problèmes qui les touchent et de fournir un renforcement des capacités et une assistance technique sur mesure pour les aider à mieux s’intégrer dans les chaînes de valeur mondiales et lutter contre le commerce illicite, nous avons demandé à la Douane mauricienne de nous donner un aperçu des spécificités de son économie et de ses flux commerciaux, ainsi que des mesures et initiatives prises pour accroître l’efficacité et réduire les coûts du commerce.

Les modèles de perception des droits et taxes sur les importations de biens de faible valeur ont également fait l’objet de discussions approfondies au cours des derniers mois. En guise d’illustration, le ministère australien de l’intérieur explique le fonctionnement de son nouveau modèle de perception par le fournisseur en vertu duquel ce sont les vendeurs étrangers qui ont la responsabilité de facturer, percevoir et reverser la taxe sur les importations de biens de faible valeur.

La technologie de la chaîne de bloc est un autre sujet qui fait l’objet de beaucoup d’attention ces derniers temps. La Douane coréenne nous présente dans les pages qui suivent les projets pilotes qu’elle a menés afin de tester la technologie.

Dans les années à venir, la technologie continuera de jouer un rôle de plus en plus important dans l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement. Selon DHL, si l’industrie du courrier express regorge de données permettant d’établir un journal de bord enregistrant l’itinéraire suivi par un envoi, cette mine d’informations n’a pas énormément de valeur en l’absence d’un moyen normalisé et mis à niveau qui permette de recueillir et d’interpréter ces données. L’Association du transport aérien international appelle aussi à l’élaboration de normes relatives au partage de données sur le Web, tout en présentant ONE Record, la prochaine étape importante dans la numérisation des données sur le fret aérien.

Pour conclure, j’aimerais remercier sincèrement tous les collaborateurs ayant participé à l’élaboration de ce dossier ainsi qu’en général tous les auteurs qui ont accepté de nous faire part de leur expérience sur différentes questions douanières à travers leurs articles. C’est avec enthousiasme et dévouement que nous avons travaillé sur ce nouveau numéro du magazine et nous espérons que vous en apprécierez la lecture.